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girart de roussillon

442. Girart a mis ses hommes en embuscade. Lui-même, seul, à pied, est sorti [du bois] pour observer. Le roi se dirige vers Roussillon. En tête viennent les chars et les.....[1], les bêtes de somme et les caisses avec les...[2]. Le roi suivait avec des hommes choisis. Girart se tourne vers les siens et crie : « Sortez ! » Puis il ajoute : « Par ici ! frappez, tuez, faites des prisonniers ! Qui veut de l’avoir en prenne à sa volonté ! Il ne tient qu’à vous d’être à tout jamais à l’abri de la pauvreté. » Ce jour-là, Girart se releva.

443. Charles voit ses hommes éperdus, et Fouque qui amène les siens. « Je suis trahi, » s’écrie-t-il, « et je ne sais par qui. — Nous avons encore, » dit Hugues[3], « plus de monde que Girart : il n’y a qu’à combattre ou à fuir ; je n’y sais autre conseil. » Et, tandis qu’il parle, tous deux s’arment.

444. Tandis que le roi s’arme, sept cents hommes s’ébranlent, revêtus de leurs hauberts blancs comme argent, couverts de leurs bons écus, le heaume luisant en tête, montés sur des chevaux de prix, excellents coursiers. Aubert les conduit, un parent du roi. C’est le roi qui l’envoie, et il en fut dolent[4]. Voici une bataille qui se prépare, s’il est qui la commence. Quand la mêlée se sépara, Fouque en eut double garant[5].

445. Fouque avait le teint bronzé, les cheveux blonds. Jamais je n’ouï parler d’un tel chevalier. Son heaume et son haubert avaient été faits par un forgeron si habile qu’il n’y a pas à craindre qu’une maille en tombe[6]. Il avait

  1. Oxf. dumez, P. (v. 5723) somes.
  2. Oxf. o les garmez ; l. (v. 5724) e los saumes.
  3. Hugues de Broyes, voy. le § 450.
  4. Faut-il entendre que cet Aubert périt dans le combat ? En ce cas il y aurait peut-être lieu de l’identifier avec le clerc Arbert dont il est question ci-après.
  5. Cela veut dire qu’il abattit deux de ses adversaires ; voy. §§ 447 et 454.
  6. Une maille du haubert.