offensé] Dieu. » Girart soupira ; ces paroles lui furent pénibles, et il se tourna d’un autre côté sur son étrier[1].
377. « Fouque, » ce dit Girart, « je ne sais dire qu’une chose ; j’en prends Dieu à témoin, et vous soyez-en garants, avec tous mes chefs, que jamais je ne ferai tort à aucun de mes hommes. — Si vous aviez ainsi parlé, il y eut sept[2] ans à Noël dernier, les tiens ne crieraient pas aujourd’hui : Royaux[3] ! », Puis, éperonnant son cheval, il se dirigea vers ses hommes et leur dit : « Seigneurs, préparez-vous pour la bataille. Le comte Girart vous mande une loyale parole. Vous n’êtes pas des Gascons ni des Provençaux, mais des barons Bourguignons, vassaux de son pays.
378. « Le comte Girart vous mande à tous, seigneurs, que jamais il ne fera tort ni déshonneur à comte, à demaine[4], ni à vavasseur, et moi je me porte garant de sa parole envers le dernier d’entre vous. » Et les comtes et les comtors[5] lui répondent : « S’il n’avait pas agi avec malice et légèreté, Charles ne lui aurait enlevé ni château ni tour. Mais nous ne sommes pas des Provençaux[6], traîtres envers lui ; il n’a pas à se défier de nous. » Alors Girart chevauche plein d’ardeur ; la nuit il s’hébergea sous Hau-
- ↑ On verra au § suivant que le conseil se tenait à cheval en présence des troupes.
- ↑ Cinq, selon P. (v. 2028). Je ne vois pas à quel événement il est fait ici allusion.
- ↑ Le cri de guerre des troupes royales en tout pays, voy. le texte de Mathieu Paris, cité dans Du Cange, V, 560 b. Un érudit a jadis réuni de ce cri de guerre plusieurs exemples, sans paraître se rendre compte de ce qu’il signifiait ; voy. Jahrbuch f. roman, u. engl. Literatur, II, 120.
- ↑ Je conserve l’expression de l’ancien français, qui, naturellement, ne peut trouver d’équivalent en français moderne. Le demaine est un terme assez vague qui désigne l’homme libre dépendant directement du seigneur, dominius.
- ↑ Voy. p. 11, n. 1.
- ↑ Ce sont pourtant les Gascons, non les Provençaux, qui (ci-dessus, § 332) ont fait défection.