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introduction

ques elle a mis à contribution. À ces deux questions on peut répondre avec certitude. Il y a dans le texte de la légende des mentions historiques qui ne permettent pas d’en placer la composition plus bas que les premières années du xiie siècle. Selon toute apparence, elle date de la fin du siècle précèdent[1]. Ce point acquis, on peut se tenir pour assuré que l’auteur de la légende a fait usage de l’ancienne rédaction du poème, puisque la nouvelle n’existait pas encore. On conçoit, dès lors, que la Vita nobilissimi comitis Girardi de Rossellon est le témoignage le plus précieux que nous possédions sur le vieux poème perdu, mais c’est un témoignage qu’on ne peut accepter en bloc et dont tous les détails demandent à être vérifiés. Le but du moine de Pothières était de transformer en saint un héros épique, plein de belles qualités assurément, mais ayant aussi, même au point de vue indulgent du moyen âge, d’assez graves défauts. On peut imaginer que le pieux hagiographe ne se sera pas fait faute de modifier ou de supprimer tout ce qui, dans la vieille chanson de geste, s’éloignait trop de son idéal. D’autre part, il a certainement mis à profit des informations puisées à des sources autres que la chanson de geste. Cherchons à enlever de son récit tous les éléments visiblement étrangers à l’ancien poème de Girart : ce qui subsistera nous représentera passablement ce même poème.

Les éléments étrangers à l’ancienne chanson peuvent se classer sous trois chefs : 1° notions historiques sur Girart et Berte et sur leurs parents ; 2° fondations pieuses et miracles ; 3° tradition locale sur le mont Laçois.

  1. Voy. Romania, VII, 167.