à pied, comme un sergent, que lorsque Thierri fut abattu mort et sanglant sur le pré, Girart n’a ni préparé ni approuvé le meurtre, et qu’il n’y a eu, à cet égard, aucun complot. — Don Begon, » s’écrie Charles, « tu mens ! Girart s’est réjoui de la mort de Thierri ; il l’a complotée et voulue ; il s’est sauvé de ma cour comme un mécréant, sans prendre congé, ni lui ni les siens. Puis, aussitôt après, il a protégé mes malfaiteurs et leur a donné asile à Saint-Florent[1], château qui lui appartient en propre. C’est là que s’en est allé Fouchier avec mon argent[2]. J’ai envoyé Pierre à Girart, tu l’as vu, et Girart s’est moqué de mes plaintes. — Ceci est vrai, » dit Pierre ; « roi, tu as dit la pure vérité, j’en ferai la preuve[3] contre Girart, si tu maintiens ton dire. — La question, » dit Begon, « est autre. Écoutez bien l’affaire du commencement à la fin, portez un jugement équitable : si je suis vaincu et récréant, que le roi et toi soient réputés félons, si tu ne me pends ! — Tu ne seras ni victorieux ni vaincu, avant que le comte soit vaincu et reconnaisse sa faute : avec le temps le plus lent y arrivera. Là où des milliers d’hommes se heurteront, tu pourras avoir bataille, pour peu que tu attendes.
370. — Sire, » dit Begon, « il est mal, de la part d’un roi, de faire tort à son baron, de ne pas lui faire droit. Girart n’est pas venu à la cour et je vais dire pourquoi : c’est que tu ne peux escondire, ni personne pour toi, que
- ↑ C’est la première fois que paraît dans le poëme ce nom de lieu. Le grief même que le roi fait ici valoir contre Girart n’a jamais été ainsi formulé. On a vu au contraire, § 228, l’un des hommes du roi poser en fait, sans être contredit, que Girart n’avait pas donné asile au meurtrier de Thierri.
- ↑ Ici le roi fait allusion, non plus au meurtre de Thierri, mais au vol commis par Fouchier (voy. § 216). Déjà, § 228, le roi a accusé Girart d’avoir donné asile à Fouchier, quoique le récit n’en dise rien.
- ↑ Par le duel.