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girart de roussillon

317. Aussitôt le comte Girart convoqua de toute part ses hommes pour la guerre. À lui vinrent Auchier et le comte Guinart[1], qui tenait en Allemagne Montbeliard[2], amena dix mille hommes vaillants, entre lesquels il n’y avait ni un couard ni un lâche. Ne croyez pas que le comte[3] perde le temps : il livrera bataille à Charles le premier mardi.

318. Quand Girart vit que Charles le provoquait ainsi, qu’il occupait par force sa terre et son pays, qu’il avait pris et pillé son meilleur château, il choisit trente messagers preux et courtois, montés sur de forts mulets amblants d’Espagne. Il les envoya partout où il savait avoir de bons amis. Il appela ceux du Querci, de l’Agenais, du Toulousain, de Barcelone, du Rouergue, les Basques, les Gascons, les Bordelais. Aucun [des messagers] ne s’arrêta avant les ports d’Espagne[4]. Navarrais[5] et Basques viennent serrés[6]. Même le roi d’Aragon envoya ses hommes. Ils sont plus de soixante mille. Les préparatifs de la bataille sont faits. Mais ce fut, de la part du comte Girart, une mauvaise entreprise, car il a tort envers Charles, c’est chose jugée.

319. Voyant que Charles lui faisait une telle guerre, qu’il était venu sur lui avec sa couronne[7], qu’il avait envahi ses meilleures terres, Girart envoya des messagers à Aimeri, duc de Narbonne[8] ; à Gilbert de Tarragone,

  1. Ce nom n’est conservé que dans Oxf., mais cela suffit. Le comte Guinart paraît ordinairement en compagnie d’Auchier (§§ 135, 166, 275, 304).
  2. La principauté de Montbéliard, quoique n’ayant été unie à la France qu’en 1796, a toujours été de langue française.
  3. Girart.
  4. Les passages des Pyrénées.
  5. « Castillans » P. (v. 4184).
  6. Ici s’ouvre dans L. (entre les feuillets 30 et 31) une lacune correspondant aux vers 4185-4429 de P., et qui se forme au § 328.
  7. Cela veut dire probablement, avec son train royal, à la tête de troupes considérables.
  8. Le premier Aimeri qui ait été vicomte de Narbonne occupa la vi-