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girart de roussillon

297. « Écoutez les nouvelles que je dis. Ce sont les propres paroles que je prononçai : « Girart, Charles vous mande, je ne vous trompe pas, de vous rendre à sa cour sans faute ; emmenez Boson le comte, sous ma sauvegarde, le marquis Fouchier, comte de Brieire[1]. Le roi vous fera réparation de tout le dommage que vous pourrez avoir souffert. — Par mon chef ! » dit Girart, « je n’irai pas jusqu’à tant que je lui aie fait payer cher le mal qu’il m’a fait. Pierre, va prendre logis, car il va faire nuit ; le sénéchal pourvoira à ta nourriture. Le matin, lève-toi ; je ferai de même, et tu entendras ce que j’ai à te dire, le message que je manderai au roi Charles. — Vous viendrez avec moi, » dit Aimenon, « je vous conduirai, et, pour l’amour du roi Charles, je te hébergerai. »

298. « — Aimenon, » dit Girart, « donne lui le logement. — Ainsi ferai-je, » reprit celui-ci, « et richement. Je n’ai droit en mon fief si pour cela je le perds ! » Le soleil va se coucher vers Balenberc[2] ; la nuit fut orageuse et sombre, et Aimon me conduisit par la prairie et m’offrit abondance de mets délicats.

299. « Pour l’amour de vous, autant que je puis croire, pour le bien que tes parents et toi lui avez fait, et que tu lui feras encore, Aimenon me reçut aussi bien que je pouvais le désirer. Puis il me coucha en un lit d’or et d’argent et me donna une fille si bien que, sans mentir, jamais vous ne vîtes plus gentille. Au point du jour, j’étais levé et chaussé ; je me rendis en hâte au moutier, j’entendis la messe et me

  1. Brie Oxf., Bieire L., Boera P. (v. 3907). Est ce Bruyères en Vosges ? Cela est douteux parce qu’on ne voit pas que ce lieu ait jamais été le chef-lieu d’un comté ; mais c’est, en tout cas, un lieu qu’il faut chercher dans l’est, où étaient les possessions du marquis Fouchier ; voy. p. 69.
  2. Sic Oxf. ; c’est peut-être un nom de lieu inventé pour la rime ; vas bon alberc. P. (v. 3918) est une correction de copiste. Le vers manque dans L.