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girart de roussillon

ner, c’est qu’il ne t’aime guère. Ainsi, tu peux bien te disculper envers lui. »

289. Fouque interpella Pierre en présence de Bernart : « Pierre, dites au roi, de notre part, que nous lui ferons droit pour don Girart, mais que, sans retard, il nous fasse conduire en toute sécurité[1].

290. — Par Dieu ! » répond Pierre, « voilà une convention que je n’admets pas. Le roi trouvera que c’est grand orgueil de demander un sauf-conduit, quand je m’offre à vous conduire[2]. Girart n’a rien à redouter s’il se met en route avec moi, ni lui ni quiconque prendra place dans la résidence du roi. Ceux qui donnent à Girart un tel conseil font preuve de folie, et moi plus encore quand je les écoute. » À ces mots, il franchit le seuil, monta à cheval et se dirigea vers un bois.

291. Pierre quitta Girart avec colère ; il avait bien accompli son message, à son jugement. Il se rend à Saint-Denis où le roi l’attend. Charles a entendu la messe à Saint-Vincent. Pierre descend à l’ombre, au dehors.

292. Charles entend les matines : le jour luit clair. L’archevêque Hervieu dit la messe. Après l’avoir entendue, il sort et s’asseoit sur un fauteuil. Autour de lui prennent place les barons du pays, et il n’y en a aucun qui ne soit bien vêtu, qui n’ait peaux de martre ou robe de gris : « Seigneurs, écoutez-moi, » leur dit Charles ; « cette nuit je n’ai pas dormi un moment, à cause du meilleur chevalier que j’aie connu, Pierre de Mont-Rabei, que j’ai envoyé là-bas. Mais, par saint Pierre, si Girart fait tant que le frapper, malheur à lui si ses yeux rencontrent mon visage ! » Alors répond Gautier de Mont-Cenis, le père de Pierre[3] : « Je voudrais que Girart lui donnât un tel coup

  1. Ici cesse la lacune de L.
  2. Cf. § 235.
  3. Le Gautier de Mont-Rabei du § 241.