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girart de roussillon

service. Il mit à son col une targe de...[1] ; la boucle[2] et les clous depuis la pointe[3] étaient d’or cuit d’Arabie merveilleusement brillant. Il avait la lance de Bérengier [à laquelle était fixé un gonfanon grand et traînant[4]]. Il n’enmena avec lui aucun autre compagnon que son neveu Acelin, le fils d’Aschier. C’est celui-ci qui mènera son bon destrier, un cheval à la robe claire et tachetée, de Balaguer[5]. Il n’y avait pas en France un coursier qu’on estimât, au prix de lui, un sommier[6] ; son frein était tel qu’on n’eût pu souhaiter meilleur [7] : onques vous ne vîtes si bon ni si léger. Les arçons de sa selle et les étriers étaient ornés de pierreries et d’or pur... Pierre eut cet équipement d’Olivier qui n’aurait pu, par tout l’empire, en faire un meilleur emploi.

247. Il avait un bon cheval, un mulet, un équippement qui en valait plus de cent d’autres. Il entra en la salle où il y avait grande affluence : des barons de la terre on y comptait plus de sept cents. On jugeait un procès entre un évêque et un comte ; le roi était assis en un fauteuil de pur argent, et Pierre s’était agenouillé avec déférence : « Veuillez [dit-il] me faire savoir vos intentions : que manderez-vous au comte ? — Volontiers, » dit Charles, « attends un peu ; prête toute ton attention à ce que je te dirai, car

  1. Qu’es de durmer Oxf., dedins mier P. (v. 3267) ; qui fu d’ormier L. est une leçon refaite par le copiste.
  2. C’est, comme on sait, le renflement placé au centre de l’écu, du côté extérieur.
  3. De l’apoier Oxf., des lo polchier P. (v. 3268), où des est bon ; m. à m., je crois, à partir de l’endroit où on appuyait l’écu : c’est donc la pointe ; la targe était un grand bouclier que dans les sièges on appuyait, que même on enfonçait en terre.
  4. Dans P. seul (v. 3271).
  5. Ville de Catalogne dont il est souvent question dans les chansons de geste.
  6. Bête de somme.
  7. Ce qui suit est omis dans L. Je traduis en partie d’après P., la leçon de l’Oxf. étant pour moi peu intelligible.