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introduction

Le traître Hardré ne figure pas dans le Girart de Roussillon qui nous est parvenu, et les querelles entre Charles Martel et Girart y sont déterminées par de tout autres motifs.

Voici enfin un dernier témoignage, signalé pour la première fois par M. Longnon[1], et qui mérite une attention toute particulière. Il ne nous est pas fourni par un écrit bien ancien. La rédaction de Renaut de Montauban (autrement dit les Quatre fils Aimon), d’où il est tiré, ne remonte sûrement pas au-delà des dernières années du xiie siècle, mais le récit auquel ce témoignage se rapporte est bien antérieur, comme on le verra plus loin. Notons que ce récit ne figure point dans notre chanson de Girart de Roussillon, d’où il est permis de présumer que l’allusion de Renaut de Montauban se réfère au vieux poème perdu de Girart de Roussillon. Le fonds de ce récit, c’est que l’empereur Charlemagne aurait été battu et pourchassé jusque sous Paris par Girart de Roussillon. Voici comment l’allusion est amenée dans Renaut de Montauban. On apporte à Charlemagne la tête de son ennemi, le duc Beuve d’Aigremont. L’empereur manifeste son contentement. Puis l’auteur continue ainsi (édit. Michelant, p. 45) :

Se li rois en fu liés, puis en ot marrement.
Girars l’en guerroia cui Rossillons apant
Et Doon de Nantueil o le grenon ferrant.
Cil manderent a Karle molt grant desfiement,
Puis l’enchaucierent il, le confanon pendant,
Dusque desos Paris en .j. pré verdoiant ;
L’esperon ne donast por plain .j. val d’argent ;
Mais puis se racorderent par le los de lor gent.

  1. Rev. hist., VII, 273.