ment cet accord, puisque vous le voulez. — C’est bien, » dit le comte ; « or garantissez-moi que vous ne vous dédirez pas de votre promesse. Boson, Fouque et Seguin, avancez ; jurez-moi cette promesse ; faites entrer dans le serment Gilbert de Senesgart et aussi Bernart mon plus jeune fils. Gardez-le moi bien et entretenez-le. Chers fils, observez toujours mesure et sens ; aimez votre seigneur, portez-lui foi ; ainsi vous ne perdrez de votre vie aucun de vos biens. Allez, comte, mandez au roi que vous lui rendrez tout ce que vous avez à lui ; accordez-vous avec lui, servez-le ; ce sera votre profit, votre prouesse, votre prix. »
181. Girart quitte le conseil, plein de dépit. Voici les messagers qui, d’un autre côté, viennent à lui. « Sire, vous manderez à Charles ce que bon vous semblera. — Je ferai vraiment accord, puisqu’on me le conseille, mais je vous jure Dieu et ses bontés, que je ne serai pas son fidèle, ni lui mon ami, si avant tout le duc n’est mis en dehors de l’accord, de façon qu’il n’ait[1] plus aucun lien d’amitié avec lui !
182. « Le roi et ses Français ont eu un grand tort, à Orléans, quand j’y envoyai des messagers[2]. On ne m’a accordé ni droit ni loi[3]. Sans que je lui aie refusé de faire droit, ni fait aucun tort, il a occupé ma terre et mon pays, tué mon père, saisi mon fief. Mais puisque mon oncle Odilon le désire, et que les barons de mon pays l’approuvent, je ferai vraiment un accord, pourvu que le duc [Thierri] n’y soit pas compris. » Les messagers retiennent cette parole et s’en vont là où était le roi, ayant autour de
- ↑ Le texte permet de traduire « que je n’aie », la première et la troisième personne étant identiques au singulier du subjonctif présent, mais le sens est déterminé par la fin du § 183.
- ↑ §§ 117 et suiv.
- ↑ Ne dreiz ne leis ; le second de ces deux termes s’emploie souvent, de même que le premier, au sens d’amende, compensation, voy. Du Cange, lex, IV, 89 c.