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ii. — la poésie — girart de roussillon

Arrivons maintenant à Girart de Roussillon. Le poème que nous possédons sur ce personnage, et dont la traduction occupe le présent volume, n’est pas plus ancien que la seconde moitié du xiie siècle. Mais ce n’est pas une œuvre originale. C’est une œuvre nouvelle dans la forme, non dans le fond. Notre chanson de Girart de Roussillon a été rédigée en la forme qui nous est parvenue d’après un poème plus ancien, dont elle a conservé en une mesure variable les récits. C’est une chanson rajeunie, ou, si l’on veut, renouvelée. Ces diverses propositions seront établies dans la suite de cette introduction. Actuellement je vais faire passer sous les yeux du lecteur quelques témoignages d’où il résulte que Girart de Roussillon était connu comme personnage épique bien avant le temps où fut renouvelée la chanson qui lui est consacrée. Ce serait peut-être ici lieu d’expliquer l’origine du surnom de Roussillon. Mais l’occasion de dire ce que l’on sait à ce sujet se présentera plus naturellement dans le chapitre suivant, où nous aurons à étudier un texte légendaire qui prétend indiquer le lieu où était situé le château de Roussillon[1].

Les premières apparitions de Girart de Roussillon dans la poésie remontent au xie siècle, plus probablement à la seconde moitié de ce siècle qu’à la première. Dans Rolant (vv. 797, 2189, 2409), il est l’un des pairs les plus âgés de Charlemagne, et périt, comme tous ses compagnons, à Roncevaux. Il y a là, comme on voit, oubli complet du Girart de l’histoire qui devait être encore bien jeune lorsque Charlemagne mourut. Les données de l’épopée, qui placent Girart sous un roi

  1. Voy. ci-après, p. xxx.