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girart de roussillon

chant par le pré (?)[1], cherchant l’occasion d’un exploit chevaleresque. Et s’il la demande, il l’aura belle. Voici au devant de lui Rotrou, le seigneur de Nivelle[2] : il frappe Fouchier sur la targe aux rayons d’or, la lui fend et en enlève un côté, mais le haubert est si fort qu’il ne rompt point. Fouchier le frappe à l’estomac, lui perce le cœur sous la mamelle et le jette à bas de sa selle. Puis il crie aux siens : « Frappez ! qu’aucun des hommes du roi ne nous échappe ! »

160. Baudouin le flamand voit comme Fouchier leur a abattu Rotrou, le vaillant comte ; il court férir Conon, guerrier lombard né dans le désert de Brun-Essart ; il lui donna sur l’écu un tel coup qu’il en enleva un quartier et que la lance passa d’outre en outre. Il l’abattit mort du cheval gris. Ah Dieu ! quelle perte pour Girart ! Voici qu’alors arrive Fouque, mais il est venu trop tard ; pourtant il le vengera.

161. Fouque vint en galopant à la rescousse ; il ne poursuivit pas Baudouin, qui se déroba, n’ayant pas honte de fuir. Il frappa Helluin de Boulogne, et lui porta un tel coup sur la targe cerclée d’or qu’il lui faussa le blanc haubert et le jeta mort de son cheval gris. Les hommes de Cologne chevauchent en bataille, Charles vient avec ses Saxons, ceux de Trémoigne[3]. Ceux-là feront une lutte acharnée.

162[4]. Odilon vint à Girart pour l’animer : « Par ma foi, cher neveu, tu as un cœur bien timide ! C’est Charles, que je vois descendre de la montagne ! Fouque et les siens veulent l’attendre ; mais, si nous n’allons à son secours, nous serons battus. » Et Girart répondit : « Merci, cher sire ; je considérais le lieu où je veux les prendre. Ils ne se formeront plus en ligne, car je vais en finir avec eux. » Il des-

  1. Verzele Oxf., varela P, (v. 2115), cf. Du Cange, verceillum.
  2. Rotrieu que tenc Niela P. (v. 2118.)
  3. Nom qui reparaît dans plusieurs chansons de geste ; c’est Dortmund, en Westphalie.
  4. Laisse qui manque dans P.