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girart de roussillon

portent quatre dards en leurs mains [1] et sont plus rapides que cerf en la plaine, voici un autre messager qui n’est pas un homme de rien, mais un chevalier vaillant, preux et sûr : Girart [dit-il], votre père vient avec les Catalans ; ils sont plus de cent mille par ces plaines. — Par Dieu ! » dit Girart, « je suis sauvé : mon armée reçoit des renforts des pays les plus éloignés. Raimon, mène-les-moi dans Sivrans [2], lieu noble, fort et antique ; il ne leur manquera ni viande, ni vin, ni pain. Charles en aura bataille à bref terme. »

138. Tandis que Girart s’occupe des logements, voici venir Rigaut[3] qui tint Argence[4] : « Girart, j’ai à vous annoncer une nouvelle qui vous fera plaisir : voici votre oncle Odilon amenant avec lui la Provence. Ils sont soixante mille, n’en doutez pas, chacun portant haubert, heaume et connaissances[5]. Ils jurent le Dieu incarné qu’ils ne laisseront en France cette.....[6]. — Par Dieu ! » dit Girart, « voilà qui me plaît ! Quand le roi a dé-

    paraît se rencontrer qu’en Italie et à une époque peu ancienne (voy. Du Cange) et avec le sens de brigands. Ici ce qui est dit des Escharans convient parfaitement aux Navarrais et aux Basques mentionnés plus haut.

  1. Plus loin encore (P. v. 4568) le dard est représenté comme étant l’arme principale des Basques. Giraut le Cambrien, décrivant les armes des Irlandais, dit qu’ils portent une courte lance et deux javelots, « in quibus et Basclensium morem sunt imitati », Topographia Hibernica, iii, 10 (collection du Maître des Rôles, V, 151). L’agilité des Basques est constatée dès l’antiquité, voy. Bladé, Étude sur l’origine des Basques, p. 227.
  2. Sic Oxf., Surras P. (v. 1717).
  3. G. P. (v. 11722).
  4. Vengence Oxf., Vergensa P. (v. 1722). La terre d’Argence, nom que je substitue à ces deux formes pour moi inintelligibles, était sur la rive droite du Rhône, en face Tarascon et Arles.
  5. Signes distinctifs placés sur l’écu ; c’est la première forme des armoiries. Cette expression se trouve déjà dans Rolant, v. 3090.
  6. Este pience Oxf., le vers manque dans P.