Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
girart de roussillon

135. « Par la foi que je vous dois », dit Girart, « je savais bien que je n’aurais de la part du roi ni accord, ni droit, ni bienveillance. Cest pourquoi j’ai choisi cinquante messagers. J’ai fait prévenir mes amis, comme je devais le faire ; j’ai mandé mes hommes, les appelant, au nom de la foi jurée, à m’aider dans ma guerre contre le roi qui veut me déshériter contre tout droit. Même à Montbéliart j’ai envoyé Joffroi, Hugue[1] mon chambellan et Amanfroi, pour qu’Auchier[2] et le comte Guinart viennent à moi, avec tous les marquis de la vallée de Cabrars[3], aussi loin que s’étend la montagne couverte de neige. Ce sont de bons chevaliers de toute manière ; nous aurons deux cent mille hommes et plus, je crois. Charles de Saint-Remi[4] en aura bataille ». Et Fouque répondit : « Dieu le veuille ! Que celui-là soit un lâche qui reculera, et moi que je sois un couard prouvé si j’entends à aucune négociation, dès l’instant que je n’ai pu trouver merci auprès de Charles ! »

136. — « J’y ai perdu », dit Fouque, « je le sais bien, mille chevaliers chasés[5] que j’ai dans la terre de Charles], et, si nous obtenons un accord, je les recouvrerai, mais toutefois, je ne manquerai pas à Girart, tant que je vivrai. — Beau neveu, » dit Girart, « je ferai la guerre, mais tu ne perdras pas là-bas autant que je te rendrai ici : je te donnerai un pan de mon duché ». Et Fouque répondit : « Je ne l’accepterai pas. Ce n’est pas un ami, mais un

    est ici exceptionnel. Cependant le roi est représenté au v. 5383, comme séjournant à Laon ; cf. aussi § 86.

  1. Ugon Oxf., Bego P. (v. 1673).
  2. Aucers Oxf., Augiers P. (v. 1674), mais plus loin (v. 1736) Auchiers.
  3. Chambrai P. (v. 1675).
  4. On a vu que Reims et Saint-Remi étaient l’un des séjours favoris de Charles (§§ 1, 88, 91, 95, 98}.
  5. Cf. § 116.