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girart de roussillon

la monnaie aux pourvoyeurs, et ce n’est rien de moins que du pur argent[1]. Il sait se faire sa part dans les trésors des barons, de ceux qu’il sait mauvais et usuriers ; il n’y a fermeture ni clous d’acier qui puissent les garantir, car il sait plus de magie (?) qu’un magicien (?). Ce n’est pas lui qui ferait tort à aucun voyageur, bourgeois, vilain ou marchand, mais là où il sait qu’il y a un baron cupide ayant quatre ou cinq châteaux, c’est l’avoir dont il se montre large et généreux. Il a sur vous l’avantage de posséder un pan de la Lorraine, du côté de Montbéliart, sur Causiers[2]. Il en aura en aide bien sept mille hommes. » Là dessus ils quittent la place, descendent rapidement par les escaliers jusqu’au perron[3], où les attendent leurs écuyers qui ont amené les armes et les destriers. Fouque s’est renforcé de mille chevaliers, et Fouchier de quatre cents damoiseaux légers, pris les uns et les autres comme soudoyers, à la cour [du roi]. C’est Fouchier qui recommencera la guerre.

128. Entre le mur et le palais, sur une terrasse, il y a des perrons cimentés avec art, ornés d’une décoration d’animaux [4] figurés en mosaïque avec un or resplendissant. Le

  1. Payer en espèces monayées quand on pouvait payer en nature, c’était, pour le xe siècle surtout, la marque d’une richesse exceptionnelle. Ce passage est inintelligible dans P. où les vers 1509 et 1512 sont corrompus.
  2. P. Chasiers (v. 1524).
  3. Perron est au moyen âge un terme assez vague qui désigne toute construction massive en pierre.
  4. Ob art de bestiaire Oxf., a obra bestiaria P. (v. 1536). Il y a abondance de textes et de monuments qui constatent l’emploi de représentations d’animaux dans la décoration. Ainsi dans Floire et Blancheflor, 1re version, edit. Du Méril, p. 23 :

    N’a sous ciel beste ne oisel
    Ne soit assis en cel tombel,
    Ne serpent qu’on sache nomer,
    Ne poisson d’iaue ne de mer.

    Cf. la 2e version, ibid., p. 167.