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girart de roussillon

que je n’abatte, haute tour que je ne brise ou mette en pièces. — Le premier parla don Begon, le fils Bazen : Don roi, trop de menaces n’excitent que le mépris. Avant tout, Girart se propose de vous mettre un frein avec lequel il vous tiendra plus aisément qu’un poulain. Certes, le comte ne perdra ni four ni moulin, ni herbage de sa terre, ni fourrage ni foin ; et, si vous voulez la guerre, vous l’aurez, et bataille rangée ; car je vous promets que maint riche baron en sera blessé par la poitrine, tellement que le cœur sera mis à nu et qu’il succombera. Dieu me maudisse, s’il n’est pas vrai que tu ne crois d’autre conseil que le tien !

119. — Sire, » dit don Fouque, « voici le droit, de la part de Girart mon oncle, sans injustice. S’il vous a fait tort sans raison, nous vous en ferons droit ici même. Nous serons à titre d’otages, par la foi que je vous dois, cent barons de naissance, damoiseaux choisis. Roussillon est un aleu, j’en conviens, mais outre Seine, le long du courant, en la forêt de Montargon[1], vous avez pour un mois droit de chasse et de gîte, quatorze jours l’été, quinze l’hiver ; pendant les quatorze jours, Girart vous doit le conroi[2] ; on l’apporte par Seine en bateau, là où se dressent ces pins et ces lauriers, où vous vous déportez et vous ébattez. Girard y possède quatre châteaux : Garenne, Châtillon et Montalois[3] ; le quatrième est Senesgart, qui les domine

    une terre produisant un marc de revenu. P. mas, c’est-à-dire mansus.

  1. Montargeich, à cause de la rime.
  2. Voir, pour ce mot, la note 1 de la page 19. On voit par ce qui suit que le conroi, dans ce passage ci, désigne particulièrement la nourriture due à Charles et à sa suite.
  3. Garane e Casteleon e Montaleich Oxf., Quarena e Castelo e Montaleh P. (v. 1371). Il est probable que Casteleon ou Castelo est Châtillon-sur-Seine, mais je ne saurais déterminer les deux autres noms. La finale eich du ms. d’Oxford, eh du ms. de Paris, répond au français