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appendice

la grace de Dieu duc de Bourgoingne, de Lothrijk[1], de Brabant et de Lembourg, conte de Flandres, d’Artois et de Bourgoingne, palatin de Haynnau, de Hollande, de Zeelande et de Namur, marquis du saint Empire, seigneur de Frise, de Salins et de Malines, cestuy volume et trois autres ensieuvans et servans a ceste matiere, en la fourme qu’yl appert, ont esté grossez par D. Aubert, l’an de grace mil cccclxiij.

Prologue de l’acteur.

En racomptant des merveilles de ce monde, non mie trop anciennes, treuve l’en es croniques de France, ou nombre des roys, Charles Martel, duquel on parle en moult de manieres de ses fais et de sa chevallerie, de sa crudelité, des conquestes que il fist en son temps, tant que le volume seroit moult grant ou tous seroient bien comprins. Touteffois, l’en scet assez que Pepin descendy de luy, lequel après luy fut empereur de Romme et roy de France ; et depuis Pepin engendra Charlemaine quy fut en son temps aussi emperere de Romme et roy de France. Mais chascun ne scet pas quy engendra celluy Charles Martel, de quelle lignie il fut ne comment il parvint a estre couronné roy de France. Pourquoy, selon mon petit entendement, je le vous vœul declairer en cler françois, au mieulx qu’il me sera possible, sans y oster ne adjouster rien du mien ne de l’autruy (fol. ij), mais m’efforcheray d’ensieuvir la matiere, laquelle j’ay prinse et translatée d’anchiennes histoires rymées jadiz et reduitte en ceste prose, pour ce que au jour d’huy les grans princes et autres seigneurs appetent plus la prose que la ryme, pour le langaige quy est plus entier et n’est mie tant constraint. Et pour ce que moy, quy ay prins le loisir de ce faire en passant le temps, ne me puis mie retrouver en la presence de tous ceulx qui ceste hystoire lirront ou orront lire ou racompter, leur requiers que se ilz y treuvent aucunes choses fortes a croire, ilz ne s’i vœullent arrester ne y empeschier leur imagination ou entendement, car a la verité le mien n’est pas a ce

  1. Pour l’emploi de l’i long, ici et dans paijs, etc, je me conforme à la graphie flamande de David Aubert.