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i. — manuscrits et langue

46°. Pour l’est, les documents du Lyonnais et du Forez nous fournissent des exemples en abondance ; pour le centre, il y a malheureusement disette de documents. On peut supposer qu’un auteur chez qui les formes e et ei sont employées indifféremment devait vivre à la latitude de Lyon environ. Mais il n’y a pas grand résultat à espérer de ce caractère, d’abord parce qu’il est difficile de savoir si la forme habituelle de l’auteur était plutôt e qu’ei, ensuite parce que ce même caractère devient vers l’ouest très vague. On arriverait probablement à une notion plus précise si on savait exactement jusqu’où s’étendent vers le sud les formes en is, i, telles que mis, pris, merci, etc., mais ici encore sur une partie notable de la ligne à parcourir, les recherches sont arrêtées par la disette des documents.

La conjugaison, à prendre les formes assurées par les rimes, offre, en général, les caractères du roman méridional. Cependant les formes du centre et du nord ne manquent pas. On a vu plus haut que les rimes attestaient les formes ait, seit (habeat, siat), d’une part, et aie, sie, d’autre part. On peut encore citer funt (faciunt) 69, qui serait, dans le pur domaine provençal, faun, fau ou fan. De là on peut inférer que les formes vont, vunt (vadunt), fréquentes à l’intérieur des vers, appartiennent aussi à l’auteur. Il y a beaucoup d’autres formes, je n’ose dire françaises — ce serait préjuger la question, — au moins usitées dans la France du nord, par exemple des premières personnes du pluriel en um, un, ons, et des troisièmes personnes du singulier en a dans les prétérits de la première conjugaison ; mais, comme elles ne paraissent pas en rime, je les laisse de côté. Toutefois ces formes, plutôt françaises que provençales, sont assez fréquentes pour laisser l’impression que la conjugaison de Girart de Roussillon est, en somme, plus septentrionale qu’il paraît à en juger par les rimes seulement.

Ces faits, qui ne sont pas, à beaucoup près, les seuls qu’on