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clxv
vii. — l’histoire de charles martel

l’auteur du poème n’a pas tout inventé, et qu’il s’est inspiré d’une chanson de geste sur Girart de Roussillon qui n’était pas notre chanson renouvelée. Ce qui le prouve, c’est la contradiction que le compilateur de l’Histoire de Charles Martel constate entre deux récits d’un même événement puisés, l’un dans le poème perdu de Charles Martel, l’autre, dans notre chanson renouvelée de Girart. Voici un exemple décisif de cette contradiction. Aux ff. 463 et 464 du ms. 6 de Bruxelles, nous voyons que Girart, malgré les efforts de l’ermite pour l’amener à résipiscence, persiste dans sa rancune contre Charles Martel et déclare que, plutôt que de lui pardonner, il deviendrait diable d’enfer. Cela dit, il s’en va furieux. C’est là ce que le compilateur aura trouvé dans son roman de Charles Martel. Mais il en va tout autrement dans notre chanson renouvelée où Girart, au contraire, finit par céder aux prières de l’ermite. Et c’est aussi ce que nous dit le compilateur : « Mais j’ay lu en ung autre livre rymé de grant anchienneté que le saint homme le remist en la bonne voye et le retourna a repentance ; ne sçay mie bien lequel croire. » L’« autre livre rimé de grant anchienneté » ne peut être que notre chanson renouvelée. Les deux sources de la compilation sont indiquées, et même opposées l’une à l’autre, d’une façon non moins évidente, au fol. 519. Le passage est à l’appendice. Peut-être même y a-t-il lieu de supposer l’existence d’une troisième source, d’après ce passage du fol. 475 : « Mais a tant se taist pour le present l’istoire du noble et vaillant prince Gerard de Roncillon, pour racompter des Sarrazins quy descendirent en France pour la conquerir, voire, comme je trouve en ung livre different a celluy sur quoy je treuve du prince Ge-