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introduction

Jacques de Guise et Wauquelin. Le poème sur Charles Martel paraît avoir été un de ces romans volumineux et compliqués que les pays wallons ont produits en si grand nombre du xiiie siècle au xve. Charles Martel y était gratifié d’une généalogie tout à fait fabuleuse, son père étant un certain Eustache de Berry, son aïeul un duc de Berry nommé Gloriant. Il devenait amoureux de Marcebille, fille du roi de France Theodorus, et l’épousait contre la volonté de ce dernier. Il se rencontrait fortuitement avec le duc Girart de Roussillon, avec qui il se liait d’amitié. Tous deux se rendaient à Constantinople, pour se mettre au service de l’empereur de Grèce et se trouvaient séparés à la suite des aventures les plus romanesques pour se rencontrer ensuite face à face, à un moment où le premier était devenu roi de France et le second duc de Bourgogne.

Je ne puis m’attarder à l’analyse de tous ces contes, et je dois renvoyer le lecteur aux rubriques publiées en appendice à cette introduction, ou, si les rubriques ne lui suffisent pas, au livre même d’où sont tirées ces rubriques. Tout ce qui importe ici, c’est d’établir à l’aide de quels éléments a été constitué le rôle de Girart de Roussillon, tel qu’il apparaît dans l’Histoire en prose de Charles Martel, en distinguant, autant que possible, ce qui vient de chacun des ouvrages mis à contribution par le compilateur de cette histoire. Il n’y a pas de doute que l’auteur du poème perdu de Charles Martel, œuvre peu ancienne, nous l’avons dit, donnait à Girart de Roussillon un rôle considérable. Que l’invention y ait eu une grande part, on n’est pas tenté de le contester, lorsqu’on a lu les aventures que l’Histoire de Charles Martel raconte d’après ce poème perdu. Mais il n’en est pas moins certain que