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introduction

récit de la translation de la Madeleine (ou légende de saint Badilon) et Jacques de Guise. Les livres « en romant » ne peuvent être que le roman bourguignon du xive siècle, fidèlement paraphrasé par Wauquelin, et le poème perdu dont nous n’avons connaissance jusqu’à ce moment que par les allusions du même Wauquelin et de Jacques de Guise. Restent les livres « en autre langaige ». Qu’est-ce que cela peut bien être ? En dehors du roman, entendu en son sens le plus général, et du latin, nous ne connaissons aucune histoire de Girart de Roussillon. Si « autre langaige » n’est pas un mot de remplissage destiné à arrondir la phrase, je suppose que notre auteur a voulu désigner par cette expression trop vague, la chanson renouvelée, qui est assurément en roman, mais en un roman un peu spécial que Wauquelin ne devait pas comprendre aisément, et qui a pu lui faire l’effet d’un langage étranger, tout comme les auteurs des Leys d’amors écrivant à Toulouse, qualifiaient le gascon de « lengatge estranh ».


C’est en 1447, comme on l’a vu plus haut, que fut achevé le travail de Wauquelin. Faut-il croire que l’ouvrage parut un peu trop volumineux, à une époque pourtant où les in-folios n’effrayaient guère les lecteurs ? Le fait est qu’aussitôt après son achèvement il en fut fait un abrégé en vingt-sept chapitres qui nous est parvenu dans trois conditions distinctes :

1° Dans une compilation en prose faite en 1448 d’après diverses chansons de geste, et qui a pour objet l’histoire (histoire fabuleuse, s’entend) de Charles Martel. Il sera traité de cette compilation dans la troisième partie du présent chapitre ;