Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
cliii
vii. — jean wauquelin

le Chauve, mais Charles Martel. En cela il était d’accord avec l’ancienne chanson, comme avec la chanson renouvelée. Nous ne pourrions donc déterminer le poème auquel Wauquelin fait allusion, si nous n’avions pour nous guider que ce passage. Mais en voici un autre qui est décisif. C’est au ch. lxvi où sont contés l’exil de Girart et la misère où il se trouva plongé :

L’acteur : De la cité ou monseigneur Gerard portoit vendre son charbon je n’en ay point trouvé le nom par nostre histoire, ne en quelle marche ce estoit ; mais je cuide avoir leu en une histoire, laquelle parle de Gerard de Rossillon, selon la memoire que j’en ay, que c’estoit dans la cité de Rains en Champaigne, ou de Laon ; et estoit ceste histoire attribuée au regne de Charle Martel et non point de Charle le Chauve, ne sçay se c’estoit par vice d’escripvain ou aultrement : je m’en rapporte a la discrecion des lisans.

Ici encore il s’agit du poème dont l’action est supposée se passer sous Charles le Chauve, mais il y a une circonstance caractéristique, c’est que Girart vendait son charbon à Reims ou à Laon. Au contraire, dans la chanson renouvelée, ce détail n’est point indiqué. Il est seulement dit que Girart séjournait à « Aurillac sous Troilon » (§§ 532-3)[1].

Rappelons-nous le début du chap. ii, où Wauquelin mentionne sommairement les livres « tant en romant comme en latin et autre langaige » où étaient rapportés les faits et gestes de Girart de Roussillon. Par les livres latins il faut entendre la vie latine de Girart, le

  1. La leçon n’est pas tout à fait sûre : il y a Aurilac soz Torilon dans le ms. d’Oxford, Aurilac soz Troïlon dans celui de Londres, enfin Orliac soz Troïlo dans celui de Paris, mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit ni de Reims ni de Laon.