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introduction

rart de Roussillon[1]. J’ignore d’où est tirée cette notion qui est certainement du domaine de la légende, car, s’il est vrai qu’il existait au ixe siècle à Souvigni une église dédiée à saint Pierre[2], aucun document authentique n’en fait connaître le fondateur, et d’ailleurs le surnom « de Roussillon » indique que l’interpolateur saintongeais a puisé, directement ou indirectement, à une source non historique.

La chronique d’Aubri de Trois-Fontaines, cette mine si précieuse d’allusions à notre vieille épopée, contient le passage ci-après que l’on a cru pouvoir appliquer à notre héros :

Anno dccclxvi... Sequitur Guido [3] : Quod regnum Burgundie, quia spectare constabat ad imperatorem, fratrem defuncti Karoli, Ludovicum, qui tunc expellendis adhuc ab Italia Sarracenis instabat, tante presumptionis invasionem et cupiditatis a Karolo rege factam, Gerardus Viennensis, utriusque Burgundie dux potentissimus, adeo tulisse graviter, et ob hoc tamdiu distulisse subjectus eidem Karolo fieri, et tot et tanta detrimenta rerum et hominum alter intulisse creditur alteri, quousque nimia fatigatione per semetipsam tam longa concertatio se consumpsit. Regi tamen Karolo cessisse Gerardum et victoriam ei concessisse perhibent heroice cantilene.

(Pertz, Scriptores, XXIII, 739. )

Il y a ici un mélange de l’histoire réelle du comte Gi-

  1. « Eisi cum li Normant vindrent per France et per Aguiaine, vindrent li Angre en Borguognie, e destruissirent l’abaia de Sauvignié que Girarz de Rossillo funda. » Ms 5714. fol. 37 b ; cf. Peigné Delacourt, Les Normans dans le Noyonnais (Noyon, 1868), p. 95.
  2. Gallia christiana, II, 377.
  3. Gui de Bazoches, chantre de l’église cathédrale de Châlons, dont la chronique, l’une des sources principales d’Aubri, a été récemment retrouvée par le comte Riant (Note sur les œuvres de Gui de Bazoches, par le comte Riant. Paris, 1877, in-8o, 11 pages).