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cvii
vi. — témoignages divers

On pourrait, à la rigueur, trouver une allusion à Girart de Roussillon dans ces vers d’Élie de Saint-Gilles :

Karles Marteus le dist .j. jor en reprover,
Selonc que dist la letre, la forche paist le pré.
(Édit. de la Société des Anciens Textes français, vv. 2383-4.)

Ce proverbe bien connu se trouve, en effet, quoi qu’ait pu dire au contraire l’éditeur d’Élie[1], au § 624 de notre poème. Il n’est pas placé, à la vérité, dans la bouche de Charles Martel, mais il lui est appliqué. C’est au moment où Charles est battu par les forces supérieures de Girart que le proverbe intervient comme pour résumer la situation des deux partis.

Girart de Roussillon a été connu dans le nord de l’Italie. Nous verrons plus loin que notre plus précieux manuscrit de ce poème a été copié dans cette contrée. Aussi ne serons-nous pas surpris que l’auteur anonyme de l’Entrée de Spagne, qui était de Padoue et écrivait à la fin du xiiie siècle, ait fait une allusion précise à notre poème. En voici les termes :

En Valbeton ou fu l’assenblemant
Des Berguegnons et de la Franche gent,
Ou fu Gerart et Folches son parant,
Envers Carlon Martel ou cors valant,
N’i fo esfor si greu ne si pesant
Cum vos oirois, s’un petit plu vos çant[2].

Je crois retrouver une autre allusion, bien fugitive il

  1. P. xxii de la préface.
  2. A. Thomas, Nouvelles recherches sur l’Entrée de Spagne, p. 45.