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xciv
introduction

le second chapitre de cette introduction (p. xx). Le trait notable du passage en question, est que cette fois Charlemagne est battu par Girart et Doon, et poursuivi jusque sous Paris. J’ai fait remarquer (p. xli) que ce trait devait être emprunté à l’ancienne chanson de Girart de Roussillon, puisqu’il se retrouve dans la vie latine qui ne peut l’avoir puisé ailleurs. Mais le témoignage n’en est pas moins embarrassant, dès qu’on cherche à quel poème de l’épopée carolingienne il convient de le rapporter. En effet, il ne peut aucunement être fait allusion ici à un récit contenu dans le poème perdu de Doon de Nanteuil. L’auteur de Renaut de Montauban vient de nous dire que Charlemagne avait permis à quelques uns de ses hommes de dresser des embûches à Beuve d’Aigremont, en pleine paix. Le duc Beuve avait succombé après une vaillante défense et les meurtriers apportaient sa tête au roi. Mais, dit le poète, Charles eut lieu de se repentir de cette trahison, car Girart de Roussillon et Doon de Nanteuil lui envoyèrent un défi et le poursuivirent jusque sous Paris. Ensuite ils firent la paix, et Girart, à titre d’expiation, fonda de nombreux monastères. Ce témoignage se trouve dans la première partie du poème, celle qu’on pourrait intituler la mort du duc Beuve d’Aigremont. Plus loin, dans le même poème, mais dans la partie qui est proprement la chanson de Renaut de Montauban ou des quatre fils Aimon, on lit un second témoignage tout semblable au premier, mais où les faits annoncés dans celui-ci comme à venir, sont présentés comme accomplis. Un des barons de Charlemagne résume les faits exposés dans la Mort Beuve d’Aigremont, et, après avoir rappelé comment le duc Beuve avait été tué alors qu’il