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oncle a besoin de vous, et désire que vous vous rendiez chez lui le plus tôt possible. J’ai retenu votre place à la diligence. »

Antoine le remercia encore, le salua et s’éloigna. En ce moment arriva Robert. Il avait fini sa leçon, et venait remplacer son père auprès des ouvriers, tandis que celui-ci allait vaquer à d’autres affaires. M. de Balicourt les laissa ensemble. « Antoine, dit Robert timidement et tristement, mon père vous a parlé ?

— Oui, dit Antoine toujours de la même manière ; je vais être le garçon de boutique de mon oncle Lefranc ! »

Robert se jeta à son cou. « Mon cher Antoine, lui dit-il, nous serons toujours amis.

— Je l’espère bien, reprit vivement Antoine ; sans cela, je ne sais pas ce que je deviendrais ; » et des larmes qu’il avait retenues vinrent mouiller ses paupières ; mais, tâchant de se remettre, il dit d’un ton qu’il essayait de rendre plus calme et plus ferme : « Je n’ai rien, je sais bien qu’il faut prendre un état. » Il serra encore la main de Robert, et s’en alla. Robert ne le suivit pas : il savait que lorsque Antoine avait du chagrin, il