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Césarine au contraire était sûre qu’à son retour de Normandie, Mme de Saint-Venant, cédant à la force de ses raisons et de ses sollicitations, consentirait enfin à faire valoir son autorité. Césarine se représentait avec transport ce moment de triomphe, se promettant toutefois d’en jouir assez modestement pour qu’il lui fût permis de revenir quelquefois voir sa tante et sa cousine. Clémence et Mme de Balicourt commençaient à lui paraître pour le moins aussi aimables que sa vieille parente, et leur maison pour le moins aussi amusante que la sienne ; et elle n’était pas tellement frappée des agrémens de la rue Saint-Louis, qu’elle ne leur préférât volontiers l’air de la campagne, les fleurs, la verdure, et même cette grande vilaine vue qui avait tant choqué sa gouvernante ; mais Mlle Dubois regrettait si profondément ses habitudes, l’expression de ses regrets était si continuelle et si amère, qu’ils devenaient pour Césarine un véritable malheur. Tous les soirs, après une conversation sur les chagrins de la journée, elle embrassait sa gouvernante, en lui promettant que cela ne durerait pas, et tous les matins elle se levait bien décidée à contrarier de tout son pouvoir des gens