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à son aise, et il lui sembla que sans lui elle pourrait se plaire dans la maison. Quand il revint, elle fut tentée de prendre avec lui le ton de l’impertinence ; son oncle se moqua d’elle, et Césarine sentit qu’elle avait à faire à trop forte partie pour oser s’y risquer. Un mot de M. Balicourt, prononcé de cet air que l’on a envers un enfant ridicule, la réduisait sur-le-champ au silence, mais en même temps lui laissait un dépit d’autant plus vif qu’elle ne pouvait le satisfaire. Elle aurait donné beaucoup pour trouver le moyen de prouver à son oncle qu’elle n’était pas entièrement dans sa dépendance. Comme elle n’entendait point les affaires, elle se persuadait que Mme de Saint-Venant était la maîtresse de la retirer de chez son oncle, et Mlle Dubois, qui n’en savait pas plus qu’elle, l’assurait que, si Mme de Saint-Venant l’avait bien voulu, il n’aurait tenu qu’à elle d’empêcher M. de Balicourt de l’emmener, mais qu’elle avait craint de se faire de nouvelles querelles avec un homme aussi entier. Alors Mlle Dubois se désolait de la faiblesse de sa maîtresse, et elle s’écriait les larmes aux yeux : « C’est fini, elle n’aura jamais le courage de nous tirer d’ici ! »