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son élève, et aimait encore mieux la suivre chez M. de Balicourt que de la perdre ; mais, en la détournant de tout ce qui aurait montré une opposition trop marquée et capable d’irriter M. de Balicourt, elle ne lui dissimulait ni son humeur, ni son chagrin, et augmentait ainsi l’aversion que Césarine croyait avoir pour son oncle. Obligée à se soumettre, elle voulut au moins le faire d’aussi mauvaise grâce qu’il serait possible, et les premiers jours qu’elle passa chez M. et Mme de Balicourt, elle eut soin de ne se présenter devant eux que de l’air le plus boudeur, et sans jamais prononcer une parole. M. de Balicourt ne parut pas y faire attention, et le dépit de Césarine en redoubla : elle n’était pas accoutumée à ce que ses caprices produisissent si peu d’effet. Mme de Balicourt n’eut pas l’air de les remarquer davantage ; mais elle s’occupait de Césarine avec tant de bonté, que celle-ci fut plusieurs fois sur le point d’oublier qu’elle avait de l’humeur ; et, malgré tous ses efforts, il lui fut impossible d’en montrer à la douce Clémence. Insensiblement, il fallut bien renoncer à un rôle qui l’ennuyait ; d’ailleurs, l’absence de M. de Balicourt vint la mettre plus