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manda à la garder. Le baron de Balicourt eût beaucoup mieux aimé la remettre entre les mains de son frère et de sa belle-sœur ; mais c’était un homme d’un caractère doux et même un peu faible, et les chagrins que lui avait causés la bizarrerie de sa femme lui avait donné une telle crainte de tout ce qui ressemblait à l’humeur, qu’il n’osa risquer d’en donner à Mme de Saint-Venant en la refusant, et qu’il remit à un temps plus éloigné un parti dont cependant il sentait l’absolue nécessité. Mme de Saint-Venant, personne âgée, infirme, qui n’avait jamais eu d’enfans, et qui craignait par-dessus toutes choses le bruit et le désordre, n’était guère propre à élever une jeune fille déjà gâtée et volontaire, comme l’était Césarine à cet âge. Son affection pour elle venait de ce qu’elle ne l’avait presque jamais dans sa chambre un quart d’heure de suite, la laissant habituellement aux soins des domestiques, qui étaient tous à ses ordres, et lui passaient toutes ses fantaisies.

Le comte de Balicourt, qui sentait tous les inconvéniens de cette éducation, en parlait à son frère toutes les fois qu’il en trouvait l’occasion ;