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porté à son mari une fortune considérable, avait été de bonne heure attaquée d’une maladie qui rendait son humeur bizarre et difficile ; elle n’aimait guère que sa fille, et l’aimait avec passion. Injuste envers tous ceux qui l’entouraient, elle se persuada qu’en mourant elle laissait Césarine sans un seul ami capable de s’occuper avec intérêt de son bonheur ; elle voulut donc lui assurer au moins ce qu’elle pourrait d’indépendance et de jouissances, et ordonna par son testament que, dès que Césarine aurait atteint sa quinzième année, il lui serait remis tous les ans, sur sa fortune, une somme de mille écus, pour en faire absolument ce qu’elle voudrait.

Quoique la mort de la baronne fût la suite d’une maladie de langueur, cependant, au moment où elle arriva, on était loin de la prévoir ; en sorte que son mari, officier supérieur dans un régiment, était à l’armée, et son beau-frère, le comte de Balicourt, dans une province éloignée, chez les parens de sa femme. On mit donc Césarine, jusqu’à ce qu’on eût reçu les ordres de son père, chez une cousine de MM. de Balicourt, nommée Mme de Saint-Venant, qui ensuite de-