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tentée de la trouver jolie, si Mlle Dubois ne se fût plainte avec amertume de cette vue triste, où l’on n’apercevait que des arbres et de l’eau, au lieu de l’agréable variété de la rue Saint-Louis qu’elle venait de quitter. Elle jugeait d’ailleurs que la chambre serait très-froide en hiver, trouvait le vin mauvais et la cuisine détestable, et dit à Césarine qu’il fallait qu’elle l’aimât bien pour être venue s’établir dans une si vilaine maison, à la campagne qu’elle ne pouvait souffrir, et surtout avec un homme aussi dur et aussi désagréable que M. de Balicourt. « Il ne sera pas long-temps mon maître, » dit Césarine d’un ton fier. Mlle Dubois secoua la tête en soupirant : « Vous le savez bien, » dit aigrement Césarine, contrariée de ce qu’on voulait détruire sa confiance ; et un moment après, elle embrassa Mlle Dubois, en l’assurant que, dès qu’elle serait sa maîtresse, elle la dédommagerait bien, et se coucha le cœur si gros, qu’elle se dépêcha de s’endormir pour ne plus penser à ses chagrins.

Césarine, fille du baron de Balicourt, frère cadet du comte, avait perdu sa mère à l’âge de huit ans. La baronne de Balicourt, qui avait ap-