Page:Meulan - Une famille.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui lui avait promis de lui apprendre à pêcher à la ligne dans l’étang du château, Clémence regarda sa mère, la physionomie de Robert s’obscurcit, et il sentit son cœur se gonfler ; il tourna les yeux vers son père et tâcha de surmonter sa faiblesse ; mais lorsqu’en sortant de table il revit Antoine qui apportait à Clémence et à sa mère des fleurs du jardin de M. le curé, il lui serra la main encore plus affectueusement que de coutume et d’un air un peu triste ; il lui dit que M. de Balicourt le priait de venir lui parler le lendemain de bonne heure. Antoine désira savoir ce qu’il avait à lui dire, mais Robert lui répondit que son père voulait le dire lui-même. Antoine s’en alla assez inquiet.

On trouva dans le salon Mme Deshayes, veuve d’un riche notaire de Paris, qui avait acheté de M. Balicourt le château des Ormeaux, et se trouvait par conséquent sa très-proche voisine. Mme Deshayes était une grosse femme bien conservée, qui portait une perruque bien bouclée, des chapeaux toujours frais, des robes toujours étoffées, toujours des diamans à ses oreilles et des bagues à tous les doigts. C’était une bonne personne, quoiqu’un