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RÉPONSE
De la douairiere du Marais, au vieux rentier.


Qu’il existe au Marais d’autres douairières que moi, je m’en doutois ; que sous le nom de Célimene, qui n’est pas le mien, une de mes compatriotes ait voulu répondre à la lettre que vous m’adressiez, à la bonne heure ; mais qu’elle se mette à ma place pour s’accuser d’un tort que je ne reconnois pas, & vous adresser une rétractation dont je n’ai jamais eu l’idée, voilà ce que je ne puis passer. J’ai tout lieu de la croire plus coquette que moi, & je ne souffrirai pas qu’elle le soit à mes dépens.

Cependant, je veux, aussi être de vos amies ; mais il faut d’abord que nous convenions de nos faits. J’ai une petite foiblesse, mon vieil ami, & c’est, je crois, celle de bien des gens. J’aime assez que l’on s’occupe de moi : le plaisir que je ne partage que comme spectateur, ne peut m’attacher long-tems. Qu’on me fasse rire, pleurer ; qu’on me force même d’admirer, j’y consens ; je m’oublie d’assez bonne grâce pendant quelques heures, mais enfin la nature reprend ses droits.