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INTRODUCTION

du fluide calorique, et cette filiation historique généralement inaperçue[1] ajoute encore de l’intérêt à l’œuvre d’un des plus grands savants qui aient fait honneur à la Hollande.


III


Pour éviter tout malentendu sur le sens de notre travail, nous devons rappeler que ce n’est pas la succession des découvertes expérimentales ou des inventions industrielles dont la chimie s’est avec juste raison enorgueillie que nous nous sommes proposé de retracer ; il s’agit ici de l’histoire des doctrines chimiques, et si, bien entendu, nous n’avons pas laissé en dehors de nos investigations un grand nombre de faits remarquables qui, dans une certaine mesure, sont causes ou conséquences des progrès de la théorie, nous les avons signalés en fonction de cette théorie sans nous appesantir sur eux.

Nous avons évité avec le plus grand soin de juger la valeur d’une science périmée, à la lumière fulgurante de nos théories contemporaines considérées comme des acquisitions définitives, stables pour l’éternité. Une telle entreprise — bien qu’elle ait souvent été tentée — ne peut être qu’illusoire et risque, d’ailleurs, de deux manières d’altérer la perspective du développement de nos connaissances. En premier lieu, est-il besoin de le dire, elle ressusciterait cette sorte d’épopée triomphale qui, n’est pas encore complètement morte, et qui proclame victorieusement, en s’appuyant sur des faits superficiellement observés, qu’il a suffi aux savants de rejeter enfin les préjugés absurdes et inintelligibles d’autrefois, comme d’expérimenter sans aucune idée préconçue pour construire par cela même de la bonne et

  1. M. Florian Cajori, dans une étude intéressante et très bien documentée : On the history of calorics, n’oublie pas de citer le nom de Boerhaave parmi les prédécesseurs de Lavoisier, sans cependant attribuer au Traité du Feu l’importance prépondérante que nous lui avons reconnu. Voir Isis, IV (1922), p. 483-492.