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INTRODUCTION

style tourmenté et obscur des prédécesseurs de Stahl — Beccher et Kunckel — comme de Stahl lui-même, nous a fait une obligation de citer, autant et plus que ces maîtres, leurs commentateurs les plus notoires. Ce sont notamment aux ouvrages de Juncker et de Henckel, où les jeunes chimistes puisaient alors leur enseignement théorique, que nous avons fait les plus larges emprunts. Notre but a été de reconstituer l’ensemble de la doctrine stahlienne telle qu’elle est apparue à l’époque de son élaboration, sans nous préoccuper des simplifications outrées ou des modifications qui ont pu en altérer l’aspect au regard de la postérité. Si, pourtant, nous nous sommes une fois départi de cette réserve pour donner au phlogistique une place plus grande qu’il n’en comportait tout d’abord, c’est que le rôle de cet élément hypothétique, qui était primitivement restreint, devint peu à peu prépondérant au point d’absorber la doctrine elle-même. Il se pourrait, d’ailleurs, comme le remarque M. Mieli, qu’en raison des circonstances historiques ultérieures l’importance de cette partie de la théorie ait été exagérée, « précisément à cause de la lutte qu’avait soutenue contre elle Lavoisier et à cause de ce fait aussi que sa chute avait coïncidé avec la formation de la solution définitive[1] ».

Quant à Boerhaave, dont l’action personnelle fut très puissante sur les chimistes, soit qu’ils aient pu jouir directement de son enseignement à l’université de Leyde, soit qu’ils aient longuement médité son admirable livre, c’est presque uniquement dans ses Éléments de Chimie que nous avons pris les matériaux de sa doctrine si oubliée aujourd’hui. Nous avons étudié ici cette doctrine pour elle-même et sans nous soucier en général de l’orientation qu’elle imprima à l’évolution de la théorie chimique au cours du xviiie siècle. Cependant nous avons noté que Lavoisier s’est constamment inspiré du Traité du Feu, qui fait partie intégrante des Éléments de Chimie, quand il a élaboré sa théorie

  1. La place de Lavoisier dans l’histoire de la chimie. « Scientia », XVII (1915), p. 320.