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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

empirique, comme l’avait fait Thibaut, mais rationnellement expliquées, d’après les principes d’une philosophie corpusculaire qui a peut-être quelque parenté avec la philosophie mécanique de Descartes, mais qui se rapproche encore plus des théories de Gassendi. Les propriétés les plus diverses des différents corps seraient dues, d’après cette manière de voir, à la figuration des particules élémentaires qui réagissent violemment les unes contre les autres, les pointes caractéristiques des acides s’introduisant brutalement dans les gaines des alcalis pour produire des effervescences ! Les dissolutions seraient causées par le mouvement des molécules liquides séparant les unes des autres les particules solides de forme déterminée !

Tout cela se présente immédiatement et simplement, et demande à notre imagination un effort constamment dirigé dans le même sens. Comme cette théorie est plus facile et semble moins éloignée des faits que la doctrine spiritualiste d’un Lefèvre ou d’un Davidson ! Pensez-y ! À une époque où les philosophes refusaient aux animaux, non seulement toute connaissance réfléchie, mais aussi tout sentiment instinctif, où ils réduisaient les phénomènes vitaux à un problème de pure mécanique, ne devait-il pas sembler absurde que les principes matériels soient spécifiés pour des idées incorporelles, ou que les dissolvants tels que l’ eau-forte aient une connaissance intellectuelle des corps métalliques sur lesquels ils exercent leur action !