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LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

la préparation des médicaments ? Tout d’abord, nous dissoudrons le vif-argent dans l’eau-forte et jusqu’à obtention d’un liquide homogène ; si, à ce liquide étendu d’eau, nous ajoutons du sel marin, un précipité blanc [que nous appelons aujourd’hui calomel (Hgcl)] se formera immédiatement ; si à la liqueur primitive nous ajoutons de l’huile de tartre par défaillance [potasse dans notre nomenclature], nous verrons se déposer un précipité rouge [Hg(OH)² ou hydrate mercurique][1]. N’insistons pas ; il nous faudrait, pour montrer comment la connaissance des phénomènes chimiques concernant les métaux était développée à l’époque de Glaser, répéter toutes ces expériences. Nous nous rendrions compte alors que la chimie n’est pas une science moderne, que de nombreuses générations ont dû fournir un labeur acharné avant de connaître ou même d’apercevoir tous les « petits faits significatifs » avec lesquels l’école de Lavoisier a fondé une théorie nouvelle ; nous verrions que nos prédécesseurs savaient relier par des raisonnements les apparences, au premier abord incohérentes que nous fournit l’étude des corps naturels, et, loin de mépriser leurs obscures tentatives, nous aurions pour leurs efforts une très grande reconnaissance.

Glaser étudie ensuite le sel marin dont il sait extraire l’acide ; puis le nitre qu’il fait réagir avec l’acide vitriolique afin d’obtenir l’eau forte ! Enfin

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