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LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

parce qu’elle est très surprenante pour les lecteurs modernes et qu’elle les met en contact d’une forme de pensée aussi séduisante que fragile qui a disparu aujourd’hui. Nous voyons que certains de nos ancêtres se préoccupaient moins de peser avec précision, de connaître exactement les propriétés des principes qu’ils n’obtenaient jamais purs, que de faire rentrer chacune de leurs expériences dans le cadre imposé par leur système du monde. N’oublions pas avant de les critiquer de nous rendre compte du peu de moyens que les savants avaient à leur disposition pour opérer ; les expériences étaient coûteuses et les appareils de laboratoire étaient fabriqués dans des conditions défectueuses par les chimistes eux-mêmes ; d’autre part, les corps sur lesquels ces chercheurs travaillaient étaient mélangés d’impuretés ; et les substances organiques, dont la composition est si variable, formaient la plus grande partie des matières qu’ils cherchaient à décomposer ; l’analyse des mixtes végétaux et animaux tient une grande place dans la chimie de Lefèvre ; celle des minéraux porte aussi bien sur les pierres, à composition variable, que sur les métaux et combinaisons métalliques. Dans la partie pratique de son ouvrage, Lefèvre n’oublie jamais qu’il s’adresse à des pharmaciens et à des médecins ; il s’arrête a des considérations sur la fabrication des vertus et l’usage des remèdes, qui sont en dehors de notre sujet. Comme il admet la transmutation des corps dans certaines conditions, il croit le Grand Œuvre possible en prin-