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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

Nature et qui, elles, sont trop complexes pour que nous puissions en donner une interprétation rationnelle. « C’est pourquoi nous concluons que ces principes, quoique rendus manifestes et sensibles par les seules opérations de la chimie, néanmoins cela n’empêche qu’ils ne soient naturels. Parce que si la nature ne les avait pas logés en toute chose, on ne les pourrait pas tirer indifféremment de tous les corps comme on le peut faire. D’où nous tirons cette conséquence que ce n’est point par transmutation que ces substances sortent du mixte ; mais par une pure séparation naturelle aidée de la chaleur des vaisseaux et des mains de l’artiste[1]. »

Quelles sont les propriétés spécifiques des cinq principes ? Lefèvre les développe assez longuement, mais ces explications nous paraissent vagues et il semble difficile aujourd’hui d’en saisir entièrement le sens expérimental : le phlegme est l’eau insipide qui se dégage sous forme de vapeur ou de liquide quand on chauffe un mixte organique et que l’on peut recueillir très facilement ; c’est un excellent dissolvant qui retient l’harmonie du mixte et sans lequel tout mixte (organisé) se corromprait[2].L’Esprit que l’on appelle aussi « mercure ou humide radical » est une « substance aérée subtile agissante que nous retirons du mixte par le moyen du feu[3] ». C’est, dit Lefèvre, un véritable Prothée qui se pré-

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