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LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

forme-t-il ? — « Pendant la composition du mixte, répond Lefèvre, cet esprit retient la nature et l’idée qu’il a prise de la matrice. Ainsi, lorsqu’il a pris la nature du soufre et qu’il est empreint de son idée, il communique au composé toutes les vertus et toutes les qualités du soufre ; je dis la même chose du sel et du mercure : car s’il est spécifié ou s’il est seulement identifié en quelqu’un de ces principes, il le fait incontinent paraitre par ses actions : ainsi les choses sont en leur composition fixes ou volatiles, liquides ou solides, pures ou impures, dissoutes ou coagulées, et ainsi des autres, selon que cet esprit tient plus ou moins de sel, de soufre ou de mercure et selon qu’il tient plus ou moins du mélange de la terrestréité et de la grossièreté des matrices ?[1] »

Nous avons dit ce qu’étaient l’esprit universel et les ferments avant la composition du mixte, et pendant cette même composition ; abordons maintenant la résolution des mixtes en leur principe par le moyen de la chimie. La chimie, dit Lefèvre, ne reçoit pour principe des choses sensibles, que ce qui se peut apercevoir par les sens ; elle croit que la résolution des mixtes montre et fait voir les corps simples qui les constituent ; elle anatomise la nature avec des procédés qui lui sont propres et qui diffèrent évidemment de ceux du naturaliste disséquant les organes animaux

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