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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

elle veut tenter de donner une solution ont, de tout temps et à juste titre, exercé la curiosité des hommes, Nicolas Lefèvre essaye de préciser la place qu’elle occupe dans l’activité humaine et demande si elle doit être considérée soit comme une science, soit comme un art. Le lecteur se souvient certainement que la science a la contemplation pour but. « Sa fin n’est que la connaissance dont elle se nourrit et contente »[1] : l’art ne tend qu’à l’opération, c’est-à-dire à exercer notre action sur la nature afin de la mieux dominer ; en résumé « la science n’est proprement que l’examen des choses qui ne sont pas en notre pouvoir : au lieu que l’art s’occupe sur ce qui est en notre pouvoir »[2]. Or la chimie est à la fois spéculative, expérimentale et pratique ; elle présente au savant trois aspects différents : tout d’abord la chimie philosophique « qui n’a pour but que la contemplation et la connaissance de la nature et de ses effets parce qu’elle prend pour objet des choses qui ne sont aucunement en notre puissance. Ainsi cette chimie philosophique se contente de savoir la nature des cieux et de leurs astres, la source des éléments, la cause des météores, l’origine des minéraux et la nourriture des plantes et des animaux »[3], toutes choses sur lesquelles notre volonté n’a aucun pouvoir. La seconde forme sous laquelle la chimie est étudiée est l’iatro-

  1. P. 8.
  2. P. 8.
  3. P. 9.