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LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

succès a été brisé net par le brillant développement de la philosophie corpusculaire. L’auteur a visiblement subi l’influence des iatrochimistes, de Paracelse et Van Helmont[1] surtout, dont les systèmes, oubliés aujourd’hui, ont exercé sur des générations de médecins, de pharmaciens, de savants de tout ordre une domination presque exclusive. Ce n’est pas que Lefèvre se soit servilement assujetti à l’autorité de ces maîtres célèbres ; comme tous les savants de son époque, il discute très librement les opinions des prédécesseurs anciens et modernes : il nous fait connaître les doctrines plus ou moins disparates des péripatéticiens, des galénistes, des différentes sectes de chimistes, essaye parfois d’atténuer leurs divergences ou de les concilier : à d’autres moments, il prend parti soit pour les uns soit pour les autres, ou tente de donner des solutions inédites aux problèmes qui ont occasionné leurs disputes ; mais il faudrait connaître bien à fond la philosophie chimique de son époque pour démêler dans son œuvre ce qui lui appartient en propre de ce qu’il a acquis par une tradition à laquelle sa pensée s’est adaptée et qu’il ne songe aucunement à renverser ; — nous négligerons d’examiner cette question en analysant la structure de sa théorie chimique.

Après nous avoir appris que la chimie remonte à la plus haute antiquité, que les problèmes auxquels

  1. Nous exposerons brièvement au chapitre iii la doctrine de Van Helmont qui, n’ayant pas écrit de cours systématique de chimie, ne peut être analysé ici.