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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

Un chimiste, Pierre Séverin, Danois, a essayé de concilier autrement la théorie chimique et celle d’Aristote ; il a approuvé les quatre éléments de l’école, composés de matière et de forme, « puis il a proposé quasi infini principes enclos en ces quatre éléments comme en des téguments ou écorces » et il les range en trois genres : le sel, le soufre et le mercure.

Pourquoi introduire tant de principes ? Pourquoi les ranger en trois genres ? Visiblement, comme Béguin, Séverin n’a voulu donner au chimiste qu’une classification commode, non atteindre un corps simple et homogène. « Son erreur, dit Étienne de Clave, vient de ce qu’il voyait en ces séparations grossières qu’autre était l’huile de cannelle par exemple, autre était celle d’anis ou de girofle ou de quelque animal, le défaut procédant seulement de ce qu’il a ignoré la dernière résolution ou dépuration des mixtes en leurs principes purs, simples et homogènes. »

« Quant, ajoute Clave, à la troisième secte des chimistes, qui n’admettent autres principes ou éléments, que mercure, soufre et sel, desquels ils veulent que l’eau ou le flegme soient les excréments on peut dire qu’ils sont tout à fait ignorants, car s’ils étaient tant soit peu versés en la science naturelle, ils n’ignoreraient pas qu’élément est une substance pure, simple et homogène, qui fait partie de la mixtion, et que ce qui est tel ne peut avoir aucun excrément, loin que nous disons que l’eau insipide qu’ils appellent, et la terre ne