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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

péripatéticiens et les spagyriques dont il n’essayera pas de concilier les opinions disparates avant de nous faire suivre le cours de ses méditations.

Aristote, dit-il, a cru que les corps étaient composés de quatre éléments : le feu, l’air, la terre et l’eau. Examinons chacun d’eux pour voir si nous pouvons partager son opinion ; le feu, nous fait-il observer, est un terme bien vague auquel on peut donner plusieurs significations, le rapprocher de la lumière, de la chaleur ou de la combustion ; or, ces choses sont des phénomènes et non des principes matériels ; la flamme à laquelle certains ont voulu réduire le feu est un accident dû certainement à un principe élémentaire, elle ne peut être un élément.

L’air, au contraire du feu, est certainement un corps simple qui joue un grand rôle dans la nature ; mais il n’est pas un élément, puisqu’il ne peut entrer dans la composition des mixtes, bien qu’il les avoisine, que sans sa pression toute combustion est impossible, et qu’enfin il s’insinue entre les pores des différents corps. C’est une substance qui remplit tous les milieux et que De Clave nous présente comme un physicien nous présenterait l’éther. Ce corps simple ne peut se combiner avec les autres corps simples, il n’est pas une substance chimique. Restent donc la terre et l’eau que le chimiste a réellement découvert en faisant ses analyses et qu’il veut bien ranger au nombre des éléments ; mais ce ne sont pas les seuls éléments que l’analyse nous révèle. L’expérience donc, à l’aide du « feu agissant contre les