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triomphe et éparpillement des philosophies

blement modifié ! Au lieu de chercher immédiatement l’explication définitive de tous les phénomènes chimiques, le curieux qui les étudie se contente d’une théorie provisoire qui permet de les classer, de les prévoir, et de, dominer leur ensemble. Certes, quand cette théorie sera achevée, le chimiste pourra, d’un regard, contempler tout le domaine des réactions matérielles… Toutefois, les maîtres de la science[1] ne supposèrent plus a priori que l’explication chimique devrait être l’équivalent d’une description mécanique, dont l’imagination visuelle put reproduire toutes les phases.

Avant de chercher, par exemple, quel est le mécanisme de la dissolution, Boerhave, Juncker, Macquer ou Venel posèrent la question suivante : « La dissolution est-elle un phénomène mécanique ? » Et après avoir réfléchi, ils déclarèrent qu’elle n’est que partiellement un phénomène mécanique ; qu’outre les actions de contact entre les molécules du solvant et du soluble, la théorie admettrait volontiers des attractions, des affinités entre les corpuscules différents ! Bref, que le mécanisme était nécessaire mais non suffisant pour rendre compte de la chimie. Toutefois, comme ils conservèrent la théorie de l’impénétrabilité et de la persistance de chaque molécule, les corps composés leur parurent, comme pour les mécanistes, un édifice formé à l’aide de

  1. Boherhave, Traité des menstrues. Macquer, Dictionnaire de chimie. Venel, Encyclopédie. Juncker, Chimie. Nous reviendrons plus tard sur la théorie de la dissolution.