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triomphe et éparpillement des philosophies

là, supposer la difficulté que l’on voulait éclaircir, et ne faire que la transporter de l’eau à cette matière subtile dont ils supposent que les parties ne sont que des globules durs qui se meuvent en tous sens, en forme de petits torrents, dont ils ne nous donnent à connaître ni les sources d’où ils viennent, ni les réservoirs où ils vont se rendre, ni la pente qui peut les entraîner, et dont l’effet qu’ils pourraient produire en cette occasion est d’ailleurs absolument contraire à l’expérience, qui nous apprend que le sel s’étend avec uniformité dans toutes les parties de l’eau ; uniformité qui ne peut s’accorder en aucune sorte avec des torrents impétueux qui entraîneraient, çà et là, tantôt plus, tantôt moins de ces parties solides.

D’ailleurs les chimistes, à la vue de certaines expériences qu’ils ont faites sur les sels, ont jugé qu’il était nécessaire d’attribuer à leurs parties de certaines formes bizarres, qui ne contribuent pas peu à rendre absolument inintelligible tout ce qu’ils nous disent sur ce sujet. Car ils veulent que les parties de quelques-uns de ces sels, qu’ils nomment acides, soient comme des petites aiguilles dures et inflexibles, et que les parties de quelques autres, qu’ils nomment alcalis, soient comme de petites éponges capables de recevoir les pointes des sels précédents. Ils prétendent ensuite que, quoique chaque particule de sel soit plus pesante qu’un pareil volume d’eau, ces particules ne laissent pas de pouvoir demeurer suspendues et nager en tous