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qu’autrefois, la forme et la structure des molécules de chaque corps ; au lieu de décrire longuement chacune d’elles, il s’agit tout d’abord de poser leur existence et de déclarer que les particules d’une substance donnée sont spécifiquement différentes des particules d’autres corps. Quand donc le chimiste veut expliquer les phénomènes de dissolution, au lieu d’appeler l’attention du lecteur sur un corpuscule isolé, soumis à toutes sortes d’impulsions, il rai sonne sut une masse innombrable de ces corpuscules réagissant constamment avec le liquide au contact duquel ils se trouvent.

À la description d’un petit fait se répétant un grand nombre de fois, le savant substitue en quelque sorte une loi statistique. Mais, en faisant cela, il n’a pas conscience d’avoir changé de méthode ; il déclare encore donner une « explication mécanique ». Et Louis Lémery, en exposant une manière de voir semblable à celle de Frédéric Hoffmann, croit raisonner en procédant comme son père.

Mais il suffit de lire les lois générales, posées comme évidentes, pour se rendre compte de la modification du point de vue primitif : ces lois générales les voici :

« io Que, quoique toutes les liqueurs dissolvantes soient extérieurement fort tranquilles, elles sont intérieurement dans une agitation continuelle ;

2o Que ces liqueurs réduisent les corps soumis à leur action, en une poussière d’une finesse qu’on n’imaginerait presque point, sans des expériences