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les doctrines chimiques en france

physique ne remplacera l’observation et l’expérimentation dans la médecine, la pharmacie ou la chimie ! « Il prétendit que les nouveaux physiciens ne disent que des mots quand ils nous parlent de particules tranchantes ou acides, de parties piquantes ou salines, de petits corps raboteux, crochus ou branchus, et qu’ainsi ils n’ont pas sur les anciens tout l’avantage qu’ils se vantent d’avoir. »

De telles critiques atteignaient non la philosophie mécanique trop indéterminée dans son ensemble pour pouvoir être réfutée par des comparaisons entre les faits et la théorie, mais des applications spéciales trop précises, trop naïves et trop complexes pour inspirer la confiance ; ce sont ces applications qui fourniront plus tard aux chimistes de fort faciles railleries. Le système corpusculaire, réduit à des généralités, est pourtant, comme a suie dire Juncker, vraisemblable, même inattaquable. Mais un tel système est insuffisant lorsque le savant veut rendre compte des phénomènes matériels quels qu’il soient ; il est obligé de faire appel à des hypothèses auxiliaires qui ne s’opposent pas au système, mais qui . ne sont pas non plus une promotion de ce système… Et les objections les plus modérées que le xviiie siècle adresse à la méthodologie des Boyle et des Lémery semblent être une amplification de cette remarque de Pascal. « Il faut dire en gros : cela se fait par figures et mouvements car cela est vrai, mais de dire quels et de composer la machine, cela est ridicule, car cela est inutile et incertain, et pénible. »