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triomphe et éparpillement des philosophies

laissant à un successeur plus heureux le soin de rattacher un fait alors étrange à la théorie générale ! Les conjectures les plus artificielles, les plus compliquées, prenaient alors naissance ; le chimiste ne savait pas ignorer, et la philosophie mécanique, au lieu de conserver sa belle et harmonieuse unité, s’éparpillait en une infinité de petites doctrines parti culières souvent incompatibles entre elles, au milieu desquelles l’esprit du savant ne trouvait plus la satis faction qu’il éprouvait en contemplant l’ensemble du système ! Or, en même temps que la théorie mécanique perdait, sans combat, de son prestige, que les chimistes tels que Geoffroy, bien que ses partisans convaincus ne s’adressaient plus directement à elle, de nouvelles philosophies de la matière prenaient naissance, et aspirèrent immédiatement à la renverser. Nous étudierons, dans nos prochains chapitres, les systèmes de Newton et de Stahl, qui, en supplantant, cette méthode, imprimèrent à la doctrine chimique des caractères fort différents de ceux qu’elle avait autrefois… Pour le moment, il nous faut signaler qu’au nom de l’empirisme qui ne se reconnaissait plus dans l’atomisme, la théorie corpusculaire fut violemment prise à parti.

Dans un ouvrage intitulé : La chimie délivrée de l’esclavage oh les sophistes et les demi-savants l’avaient réduite par le pompeux embarras de leurs paroles[1], Girard Goris déclara qu’aucune spéculation méta-

  1. 1702 in-12 Leyde. Analysé dans le J. S. 1703, p. 652.
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